Steffen Wippel

Le renouveau des relations transsahariennes, Etude comparative des cas marocain et égyptien.

In: Maghreb Machrek 178, Hiver 2003/2004, S. 89-108.


Les dernières années font preuve d'une nouvelle orientation des pays nordafricains vers l'Afrique subsaharienne. Ce qui est remarquable c'est que, outre les dimensions politiques, des aspects économiques commencent à jouer un rôle primordial dans ce processus. Tout cela survient au niveau bilatéral avec une certaine concentration sous-régionale, mais aussi, et de plus en plus, sur le plan multilatéral, le rapprochement vers les organisations économiques subsahariennes constituant un élément essentiel de ce processus. Cet article présente une étude comparative des orientations africaines du Maroc et de l'Egypte et de leurs procédés. Il analyse d'abord l'évolution récente de leur politique africaine avant de confronter, au plan économique, les rencontres et les accords réalisés au niveau formel, interétatique, avec les orientations et les intensités effectives de leurs relations économiques. Des approches théoriques portant sur de nouvelles formes et de nouveaux espaces de « régionalisation » servent de référence à une évaluation finale de ces rapports transsahariens.

Compte tenu de la dimension économique relative des pays partenaires, il semble justifié de parler d'une certaine « densification régionale » des flux commerciaux vers l'Afrique au Sud du Sahara. L'approche formelle « par le haut » suit les rapports émergeant « d'en bas » et les échanges se concentrent sur les organisations qui comprennent les pays aux pourcentages et aux intensités commerciaux les plus importants. Cette orientation économique vers l'Afrique s'explique par deux constats « régionalistes » : le blocage interarabe et un attachement unilatéral à l'Europe. Par conséquence, l'Afrique subsaharienne offre quelques marchés complémentaires et confirme l'espoir du Maroc et de l'Égypte de devenir des plaques tournantes dans les relations économiques Nord-Sud. Tout comme d'autres économies dans d'autres régions du monde, ces deux pays s'orientent de plus en plus vers une «  régionalisation ouverte », qui permet des orientations régionales multiples. Ils tentent de profiter de leur position géographique spécifique au croisement de plusieurs régions déterminées ou imaginables afin de devenir eux-mêmes une sorte de hub (même secondaire) au lieu de rester de simples spokes. Plus largement, ils font partie d'un espace économique euro-africain en formation - à la fois « transméditerranéen » et « transsaharien » -, au sein d'une économie mondiale devenue essentiellement tripolaire.

Cependant, on ne doit pas surestimer les capacités d'absorption des pays subsahariens qui, même à l'avenir, ne pourront soulager que marginalement le besoin des deux pays d'augmenter leurs exportations. Par rapport aux dimensions de leur orientation vers le Nord leurs relations transsahariennes restent toujours complémentaires, de manière qu'on ne peut finalement les qualifier que de régionalisation d'importance « secondaire » ou même « tertiaire ».


Korrekturen der graphischen Abbildungen /
Corrections des graphiques

» Korrigierte Graphik / Graphique corrigée : Echanges commerciaux transsahariens
» Korrigierte Karten / Cartes corrigées : Quotes-parts du commerce extérieur
» Korrigierte Karten / Cartes corrigées : Intensités relatives des échanges bilatéraux
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Korrigierte Karten / Cartes corrigées : Organisations régionales africaines

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